Cet article va être un peu fourre-tout. Je vais y parler de druidisme, de filiation, de solitude. Tous les questionnements que je me pose et se mélange dans ma tête depuis quelques temps.
Lorsque j’ai découvert le paganisme, je voulais être une fidèle, non l’officiante. A l’époque Morgane Lafey donnait des cours par correspondances gratuits. J’ai dû les suivre 4-5 ans, sans arriver à passer le premier niveau. Il faut dire que ces cours étaient dans l’optique d’entrer dans la prêtrise païenne. Lors d’un échange, celui où elle me refusait de nouveau le passage au niveau au-dessus, elle me déclarait qu’il se peut que, soit ce n’était pas le moment pour moi « d’entrer » en prêtrise, soit que cette voie n’était pas faites pour moi.
Elle avait deux fois raisons. Je n’étais pas prête et la voie qu’elle proposait n’était pas la mienne. Je ne regrette pas son enseignement. J’y ai beaucoup appris sur les cycles féminins et leurs archétypes, il m’a permis d’aborder des dieux Celtes,d’effectuer un premier travail sur les éléments, etc. Elle y conseillait beaucoup de lectures qui m’ont aidé dans mon cheminement : Femmes qui courent avec les loups, Le culte de la déesse-mère dans l’histoire des religions, Vivre la tradition celtique au fil des saisons, Femme magie et politique, etc. Ce fut une période sombre pour moi, de remise en questions, de mise à plat, d’apprendre à me connaître vraiment. Ce fut une période douloureuse. Cependant, avec le recul, période ô combien enrichissante. Un travail nécessaire pour me consacrer vraiment au spirituel et ne plus me noyer dans mes colères, mes peurs, etc.
Tout a pris son sens quand je me suis intéressée au druidisme. Sauf qu’à l’origine, le druidisme je le définissais de la manière suivante : religion polythéiste et panthéiste qui honore les Divinités du panthéon celte, avec un fort lien à la Nature, aux cycles saisonniers, à la terre où nous vivons. Définition un peu simpliste. Seulement voilà, il y a le Druidisme et des druidismes. Et il n’y a qu’à faire un tour sur le net et découvrir la multitude de sites, blogs, clairières, druides pour voir les pratiques et croyances hétéroclites qui composent le druidisme actuel sur le territoire français. Pour ce qui est de l’étranger, je ne me suis pas penchée sur le sujet.
On se retrouve avec des guerres de clocher sans fin. On pourrait croire que ce sont des débats constructifs entre personnes sensées, respectueuses et pleine de sagesse. Ce sont surtout des discussions stériles aux égos surdimensionnés. J’y ai vu des druides chrétiens, des druides à limite du fascisme, des druides hippie flower, des druides austères, des druides illuminés. Noyée dans tout ceci, j’ai parfois bien du mal à m’y retrouver. Même si j’ai eu la chance et l’opportunité de rencontrer des druides humbles, qui reconnaissent leurs lacunes et qui ont la volonté sincère d’apprendre, comprendre et d’aller de l’avant. Et qui me rappelle que moi aussi, je dois restée humble avant tout. Même si ce que je lis ou entends semble le summum de l’erreur, de l’idiotie. Bref, ne pas faire de lutte d’égo à mon tour. Et sincèrement, ce n’est pas évident. Donc toujours une remise en question, qui je pense perdura jusqu’au bout.
Après l’histoire « des » druidismes, voici celle des filiations. La majorité des druides rencontrés s’identifie à une filiation. Une filiation, kézako ? Pour l’expliquer simplement avec mes mots, il s’agit d’une chaîne de druides qui remontent dans le temps par laquelle des enseignements, des traditions ont été transmis, mais également, et le plus important, une sorte de lien spirituel, ésotérique. J’ai déjà eu droit à la filiation des atlantes. Oui, oui, le savoir des druides est ce qui a été sauvé de l’Atlantide et a été transmis jusqu’à nos jours. Il y a ceux qui créent totalement leur filiation, car ils se sont auto-proclamés druides et qu’un druide sans filiation, ça ne le fait pas. Oula, je peux vous dire que ça, ce n’est pas du tout toléré,apprécié dans le « milieu » druidique. Et ça y va à coup de moqueries, coups bas. Je dis vraiment merci aux druides que je connais et qui m’apportent tant. Je crois que je les en remercierai jamais assez. Ils me permettent de me forger un petit cocon pour m’intéresser à l’essentiel et de ne pas perdre de l’énergie en batailles inutiles.
Mais les filiations les plus courantes, les plus entendues sont celles-ci :
- Le 21 septembre 1717, The Druid Universal Bond plus connu sous le nom de Druid Order (DO), est créé sous l’impulsion de John Toland (1669-1722).
- Le 21 novembre 1781, Henry Hurle fonde un second mouvement l’Ancient Order of Druids (AOD). Une scission de celui-ci en 1833, va donner naissance à The United Ancient Order Of Druids (UAOD), friendly society.
- Le 21 juin 1792, Iolo Morganwg réunit à Londres (Primrose Hill), en présence de John Toland, la premièreGorsedd Beirdd Ynis Prydain (Collège des Bardes de l’Île de Bretagne).
Des Francs-Maçons au XVIIIème siècle qui ont voulu recréer le druidisme. Mise en situation : nous sommes au début de la Celtomanie où on fantasme sur le casque à ailettes et le culte des menhirs. Nous sommes bien loin des découvertes archéologiques actuelles qui nous permettent de beaucoup mieux appréhender qui étaient réellement les Celtes et les Gaulois. Et non, ils ne mangeaient pas de sanglier ! (Tiens ce pourrait être une idée d’article des erreurs les plus couramment admises). Si vous souhaitez en savoir plus sur les filiations, vous pouvez faire un tour sur Wikipédia =>Néodruidisme
Donc pourquoi se légitimer par une filiation que je trouve personnellement bancale ? Et bien je commence à comprendre que c’est une marque de respect aux Anciens qui ont voulu faire renaître le druidisme, même si leurs objectifs ne sont pas très clair. C’est aussi reconnaître le travail de recherche et de transmission qui a été fait depuis par les différents druides qui se sont passés le flambeau. Donc pour moi, pas de filiation sur un piédestal, mais la reconnaissance du travail effectué par les hommes et les femmes qui m’ont précédée dans cette voie. Pour ce qui est du lien ésotérique et spirituel….. Peut-être qu’en avançant dans cette voie, j’y verrai plus clair. Car d’après ce que j’en ai compris, il semble que ce soit bien plus qu’un égrégore.
La solitude …. J’ai déjà lu à plusieurs reprises que celles et ceux qui entraient dans la voie sacerdotale connaîtraient la solitude. J’ai lu le pourquoi, le comment et je l’ai compris. Du moins, c’est ce que je croyais. Et l’évocation de ce mot éveille plusieurs impressions, touchent plusieurs domaines. Depuis que j’ai l’âge de 12 ans, je veux être mère, Peu de temps après avoir pensé devenir nonne. Les idées fixes sont parfois bien étrange. J’ai dépassé la trentaine, je vis seule et je n’ai pas d’enfant. Je ne regrette pas d’en avoir eu avant. Au delà du faites que je n’ai pas rencontré la bonne personne pour fonder une famille, j’ai pleinement conscience qu’avec toute la colère qui me brûlait de l’intérieur, quelque soit l’amour dont je suis capable, j’aurais rendu mes enfants malheureux.
Sauf qu’aujourd’hui, j’ai la certitude que je finirai seule sans enfant. Comme une évidence. Et j’ai le sentiment que c’est lié à ma voie sacerdotale. En ce moment, je l’accepte. Il faut dire que les vies de couple de mes amies ne me font pas vraiment regretter mon célibat. Mais lorsque viendra l’heure où la fertilité me quittera définitivement, si je ne m’y suis pas bien préparée, je m’effondrerai….
J’ai le sentiment que tout ceci est liée à la voie sacerdotale que j’ai prise, car je me rends compte que si je vais jusqu’au bout, cela m’engagera pleinement, complètement. Qu’il ne faudra pas que je sois parasitée par des problèmes du quotidien que peut apporter le facteur humain (les activités du petit, la crèche de la petite, les papiers administratifs du conjoint, etc). Je me rends compte que c’est mon côté féministe qui s’exprime ici et que je généralise sûrement à tort. Mais combien de père sont-ils prêts à laisser leurs femmes être très occupées au point de souvent mettre de côté leur vie de couple, leur vie de famille ? Je ne parle pas d’abandonner complètement le rôle de femme et de mère (quel horreur !), mais bien de pouvoir partir souvent sur les lieux de célébrations ou simplement de rentrer dans sa bulle pour se consacrer à sa fonction sacerdotale. Bien sûr, peu de femmes accepteraient également un tel sacrifice, un conjoint absent, un père peu présent. Mais j’en vois également beaucoup le dire et l’accepter par amour. Des hommes, je vois de tout. Des hommes à la parlote fier, qui ne lancent pas un regard aux morveux, puisque y a bobonne pour s’en occuper. Des hommes qui comparent et ne supportent pas qu’on se consacrent plus à leurs enfants qu’à eux. Alors ne s’occuper ni de l’un, ni de l’autre, ……. Et je vois des hommes totalement investis dans leurs rôles de pères, parfois maladroits mais qui ne l’est pas, et vraiment aimant avec leurs enfants. Néanmoins, ce sont les mêmes qui appellent Madame toutes les 5 minutes, car sans la veille rassurante de leur tendre moitié, ils ne savent rien. Je sais que mon propos est injuste. Mais c’est ce que je vois. Et quand je ne le vois pas, je n’ai qu’à écouter mes amies discuter de leurs vies de familles. Donc, si je vais jusqu’au bout, vais-je devoir sacrifier mon désir d’enfant, de vie de famille ? Trouverai-je un compagnon de route, ami-amant, qui supporterait une telle concession ?
Depuis le début, je parle de fonction sacerdotale, sans préciser laquelle. Etant dans le druidisme, la logique voudrait que ce soit pour devenir druidesse. Oui mais voilà, si on reprend les sources historiques, nulle trace de druidesse au temps de l’indépendance des Gaules. Après lors de l’Empire Romain, certains empereurs aimaient se faire lire l’avenir par des druidesses. Il semblerait surtout qu’elles s’étaient attribuées ce titre pour se faire une meilleure pub. Devineresse, prophétesse peut-être. Mais pas d’enseignement druidique pour ces femmes. Sur les druidesses, je lis de tout. Et de n’importe quoi. Selon mon point de vue personnel comme toujours. Mais dans tout ceci, je ne trouve que des discours pro-druidesse et anti-druidesse. Perso, je connais des druidesses d’aujourd’hui qui ont amplement mérité leur titre. Mais devant tout ceci, et sachant que je ne parviendrai peut être jamais au bout de cette voie sacerdotale, je vais pour l’instant me désigner comme apprentie-prêtresse. Parce que druidesses ou non, femmes de grands savoirs dans tous les domaines ou exclu de cette fonction, je suis certaine que des femmes avaient des rôles religieux, ne serait-ce qu’auprès de certains sanctuaires. Ce n’est qu’une interprétation personnelle. Mais je vais me fixer à celle-ci pour le moment.
=> Je serai curieuse de voir dans quelques temps (mois, années) si ma pensée sera toujours la même, ou si elle aura encore évolué sur ces sujets.